L’innovation en radiologie est foisonnante. Elle vise à donner plus de temps aux radiologues pour leur permettre d’être au contact de leurs patients et mieux identifier les maladies. Ou encore de faire de meilleurs pronostics dans l’optique d’une médecine plus prédictive et plus préventive.

Couvrant la totalité de la prise en charge des malades en radiologie et imagerie médicale, l’innovation se déploie ainsi en matière de matériels, d’informatique, mais également de thérapeutique et d’organisation des circuits de prise en charge.

Par exemple, les scanners utilisent des doses de radiation toujours plus faibles et les scanners multi-énergie ont fait leur apparition ces dernières années, optimisant la détection des anomalies, en limitant les risques pour les patients. En outre, les IRM corps entier se généralisent. L’enjeu est majeur en cancérologie, notamment, « car la maladie ne s’arrête pas à un organe », pointe Alain Luciani, médecin radiologue du CHU Henri Mondor et Secrétaire général du Collège des enseignants en radiologie de France (CERF).

L’arrivée de l’intelligence artificielle

Les innovations informatiques, associées à l’essor du numérique, des objets connectés, de la télémédecine révolutionnent aussi la radiologie. « Les systèmes d’acquisition de l’image se sont perfectionnés, de même que les systèmes de traitement des images, détaille le Pr Jean-Yves Gauvrit, neuroradiologue, responsable du service de radiologie du CHU de Rennes et co-président de la commission Innovation de la SFR. Les logiciels évoluent très vite et certains incluent, aujourd’hui, des outils de reconstruction virtuelle et de réalité augmentée ; d’autres, des outils d’aide à l’interprétation des images et à la décision. »

En effet, « l’intelligence artificielle, qui en est encore à ses balbutiements, s’immisce de plus en plus dans des logiciels de transfert et d’analyse d’images », constate le Alain Luciani. Elle aide les radiologues à analyser le flux d’images, à détecter des anomalies et à indiquer l’évolution de ces dernières « Elle n’enlève pas toutefois la responsabilité du diagnostic final des médecins radiologues, ni le temps essentiel d’échanges avec leurs patients », rappelle Alain Luciani.

Le développement d’outils de traitement des données et la création d’algorithmes dédiés à la gestion des « big data » devraient également favoriser le développement de la « radiomique », afin de mieux caractériser les tumeurs. De plus en plus, des relations statistiques pourront être établies entre des masses de données d’imagerie et des données cliniques, biologiques, voire génétiques, prédisent les radiologues.

L’ère du mini-invasif

La radiologie interventionnelle n’est pas en reste. La miniaturisation des équipements, voire la robotique et l’impression 3D (de prothèses, par exemple) bouleversent ou bouleverseront les pratiques. De plus, les cathéters et les dispositifs implantables évoluent pour traiter au mieux les tumeurs, les saignements et les obstructions de vaisseaux. Aujourd’hui, les anévrismes intracrâniens peuvent ainsi être traités à l’aide de stents de type « flow-diverter » (en mailles tressées) ou de dispositifs « Web » (en forme de cages, placées dans le sac de l'anévrisme), par exemple, favorisant ainsi les procédures mini-invasives.

La discipline devrait à l’avenir, prendre de l’essor. En effet, « tous les radiologues, du fait de la réforme de l’internat, vont désormais être formés à la radiologie interventionnelle », explique Alain Luciani, qui insiste sur l’importance de l’innovation dans la formation.

L’imagerie intégrée au parcours de soins

« Technologiquement, nous assistons à l’intégration de certains équipements, ajoute Jean-Yves Gauvrit. La tomographie par émission de positrons (TEP) est souvent associée à un scanner ou à des IRM, par exemple. » De fait, l’imagerie multimodale, qui exploite aujourd'hui les modalités d'imagerie nucléaire (TEP, TEMP) ainsi que l’imagerie CT et IRM, joue un rôle de plus en plus important dans les phases de diagnostic et de suivi thérapeutique.

En outre, « d’un point de vue organisationnel, les services de radiologie à l’hôpital, mais aussi en ville, vont évoluer en fonction des parcours des patients, estime le Pr Gauvrit. Des parcours-types se dessinent. Les patients viennent pour une consultation en hôpital de jour, une opération en ambulatoire et repartent le jour même. D’autres sont hébergés quelques jours en médecine ou chirurgie. Les patients dans un état grave et ayant besoin de soins lourds sont à prendre en charge avec rapidité et sécurité. Pour répondre à cette problématique des parcours des patients, l’imagerie devra peu à peu s’organiser autour de plateaux d’imagerie spécifiques : un pour l’ambulatoire, un pour les urgences, un pour les hospitalisations de plusieurs jours et un pour la radiologie interventionnelle dans un environnement de blocs opératoires. Il ne faudra plus réfléchir par discipline, il faudra organiser de vrais circuits pour les patients et les proches concernés. » Pour Jean-Yves Gauvrit, c’est particulièrement le cas pour l’ambulatoire qui se développe pour des prises en charge rapides et des conditions d’accueil satisfaisantes.

 

En amont de l’innovation, la recherche en imagerie se structure

L’imagerie s’organise pour accompagner et aider au développement de projets de recherche clinique. « Aujourd’hui, un médicament sur deux est mis sur le marché sur la base de critères de réponse définis par de l’imagerie », cite à titre d’exemple le Professeur Luciani, Secrétaire général du Collège des enseignants en radiologie de France (CERF). C’est pourquoi le groupe de travail baptisé “Force imaging“, regroupant la SFR, le CERF, la Société française de médecine nucléaire (SFMN), le Collège national des enseignants de biophysique et de médecine nucléaire (CNEBMN), l’Alliance pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan) et l’infrastructure de recherche France Life Imaging (FLI), a établi « un document pour permettre aux différentes structures de recherche d’avoir des standards de qualité et de relecture de haut niveau, une traçabilité optimale des examens réalisés, une organisation adéquate et protocolée », précise Alain Luciani.

En parallèle, « les médecins radiologues ont favorisé la recherche et l’innovation en lien avec des réseaux industriels, notamment en matière de traitement d’images et, bientôt, en matière d’intelligence artificielle. De nombreuses équipes de recherche, à l’hôpital et sans doute aussi en ville, collaborent déjà avec ce type de sociétés, détaille Alain Luciani. En outre, des plates-formes de recherche et des Centres d’investigation clinique (CIC) adossés à des structures d’imagerie sont en place dans plusieurs régions ».

Enfin, la recherche et l’innovation sont de plus en plus intégrées aux parcours de formation des médecins radiologues comme l’illustre la récente réforme du troisième cycle en radiologie, avec notamment la mise en œuvre d’une formation systématique tant à la radiologie interventionnelle qu’à la gestion des données images. Une structuration de la recherche récente, mais indispensable.

 

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